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Diane Brunet

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Marie-Andrée Bertrand est née en 1925 à Ville Saint-Laurent (Québec, Canada) et est décédée subitement en 2011. Elle obtint une maîtrise en service social (1951) et plus tard une maîtrise en criminologie (1963) à l’Université de Montréal. Elle fut la première femme à obtenir un doctorat en criminologie de l’Université Berkeley (1967).

Une femme fidèle à ses convictions

Je connais Marie-Andrée Bertrand depuis qu’étudiante, adolescente, j’avais suivi la Commission Le Dain sur la dépénalisation des drogues à des fins non médicales. J’avais alors pris conscience de sa dissension à l’endroit du rapport Le Dain, car elle ne voulait pas la dépénalisation de la possession et de l’utilisation non médicale des drogues. Elle était antiprohibitionniste et soutenait que « le droit pénal n’est pas le bon outil pour s’attaquer aux problèmes d’abus des substances. » Elle trouvait aussi que la répression de cette guerre contre la drogue était pire que le mal causé par les drogues. J’étais intéressée par cette femme qui osait se dissocier de ce rapport très important à l’époque. Lorsque Jean-Marie Tremblay (mon époux et fondateur du site des Classiques des sciences sociales) m’a parlé des ouvrages de Marie-Andrée Bertrand que nous allions diffuser sur le site des Classiques, je lui ai dit que je voulais en corriger un. Mme Bertrand a été très touchée de mon travail et m’a dédicacé un autre livre important, Les femmes et la criminalité (2003).

Une riche carrière

Au début de sa carrière, elle travailla comme travailleuse sociale avec des femmes souvent accusées de prostitution. Puis à la suite de sa formation en criminologie, elle enseigna la criminologie à l’Université de Montréal. Selon la page de garde du livre Les femmes et la criminalité (2003), « elle a aussi enseigné aux universités de Berkeley (1973), de Hambourg (1993), d’Alberta (1998) et à la Antigua Universidad de Onati au pays basque espagnol (1997-2000), sur les rapports entre femmes et droit pénal. »

En plus de la question des drogues, sa recherche et sa vie pédagogiques ont touché au rapport des femmes à la vie pénale dans le cadre d’une lutte contre les inégalités qui touchent le sexe, la conscience de classe et l’origine ethnique des personnes.

Marie-Andrée Bertrand a occupé beaucoup de postes dans sa carrière. Elle fut vice-présidente de l’Association canadienne des professeurs d’université, présidente de la Fédération de universités du Québec et présidente du Conseil québécois de la recherche sociale. Elle n’a pas négligé le côté syndical, car elle fut la première présidente du Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM de 1972-1973) et également présidente du Comité permanent du statut de la femme de son université en 1976. Toujours à l’Université de Montréal, elle a été vice-doyenne de la Faculté de l’éducation permanente de 1977 à 1980.

Marie-Andrée Bertrand, cette femme politiquement de gauche, a passé sa vie à militer pour que s’améliore la vie des femmes dans le monde entier. Elle a aussi souhaité voir l’abolition des crimes liés à la drogue tout en considérant que la pratique actuelle favorisait les milieux criminels.

Prix obtenus

Marie-Andrée Bertrand a reçu le prix Beccaria de la Société de criminologie du Québec en 1962 ainsi que le prix « Femme de l’année » en 1974 du Club des journalistes du Québec. La société Saint-Jean-Baptiste de Montréal lui a décerné le prix Esdras-Minville en 1995. Tout son travail, tout son engagement, nous permettent de comprendre qu’à sa retraite en 1997 l’Université de Montréal lui ait donné le titre de professeur émérite. Elle a reçu le titre de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade donné par l’Assemblée parlementaire de la francophonie en 2001 et celui d’officier de l’Ordre national du Québec en 2005. En 2012, un prix du Québec portant son nom a été créé. Ce nouveau prix scientifique couronne l’innovation sociale.

Œuvres principales

Bertrand, Marie-Andrée (2003), Les femmes et la criminalité, Montréal, Éditions Athéna, 224 pages.

Bertrand, Marie-Andrée (1998), Prisons pour femmes, Montréal, Éditions du Méridien, 449 pages.

Bertrand, Marie-Andrée (1979), La Femme et le crime, Montréal, Éditions de l’Aurore, 244 pages.

Bertrand, Marie-Andrée (1974), Self image and social representation of female offenders : a contribution to the study of women’s image in some societies, Ann Arbor, Michigan, 465 pages.

Elle a aussi contribué par des articles et des chapitres de livre à diverses revues sur les thèmes qui lui tenaient à cœur :

Anti-prohibitionnisme de la drogue :

Bertrand, Marie-Andrée (1989), « Dans les marges de l’actualité. Résurgence du mouvement anti-prohibitionniste », Criminologie, vol. 22, no 1, pp. 121-133.

Bertrand, Marie-Andrée (2005), « Le rêve d’une société sans risque », Drogues, santé et société, vol. 4, no 2, pp. 9-41.

Justice sociale et avenir de la criminologie :

Bertrand, Marie-Andrée et André Normandeau, (1984), « Les sciences humaines à l’assaut (ou au service ?) des appareils de justice pénale au Québec », G.-H. Lévesque et al (éds.), Continuité et rupture. Les sciences sociales au Québec, Tome II, chapitre XXI, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, pp. 319-336.

Bertrand, Marie-Andrée (1986), « Perspectives traditionnelles et perspectives critiques en criminologie », Criminologie, vol. 19, no 1, pp 97-111.

Rapport des femmes au droit pénal :

Bertrand, Marie-Andrée (1983), « Femmes et justice: problèmes de l’intervention », Criminologie, vol 16, no 2, pp. 77-88.

Bertrand, Marie-Andrée (1994), « Pornographie et censure », F. Dumont, S. Langlois et Y. Martin (dir.), Traité des problèmes sociaux, Montréal, Institut québécois de recherche sur la culture, pp. 411-426.

Les accommodements raisonnables :

Bertrand, Marie-Andrée (2006), « Les accommodements raisonnables: des affronts aux valeurs communes ? », Forum, vol. 41, no 9, Montréal, Université de Montréal. En ligne. http://www.iforum.umontreal.ca/Forum/2006-2007/20061030/AU_5.html.

Références

« Marie-Andrée Bertrand », Wikipédia, l’encyclopédie libre. En ligne.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Andrée_Bertrand.

Gouvernement du Québec (s.d.), « Marie -Andrée Bertrand (1925-2011) », Ordre National du Québec.
http://www.ordre-national.gouv.qc.ca/membres/membre.asp?id=497.

Marie-Andrée Bertrand 1925-2011 (s.d.), « Fonds Marie-Andrée Bertrand. 1963-2011. – 3,1 m de documents imprimé et autres documents », Division de la gestion de documents et des archives, Université de Montréal.
http://www.archiv.umontreal.ca/P0000/P0379.html.

Fonds Marie Andrée Bertrand
« Le fonds témoigne principalement des écrits de Marie-Andrée Bertrand … On y trouve aussi des dossiers contenant de la correspondance avec des étudiants, des collègues, de la famille et des amis. Quelques dossiers de préparation de curriculum vitae, ainsi qu’un document préparatoire en vue de la rédaction d’une autobiographie font également partie du fonds. Le fonds Marie-Andrée Bertrand renferme finalement des exemplaires d’un DVD contenant un film produit en collaboration avec l’Office national du film (ONF) relatant la carrière et la pensée de Mme Bertrand (2 exemplaires) de même que des médailles reçues pendant sa carrière ».

Myles, Brian (2011), « Marie-Andrée Bertrand 1925-2011 – Une pionnière de la législation des drogues s’éteint », Le Devoir.
http://www.ledevoir.com/societe/justice/318284/marie-andree-bertrand-1925-2011-une-pionniere-de-la-legalisation-des-drogues-s-eteint.

Les Classiques des sciences sociales (2011), « Marie-Andrée Bertrand, criminologue, Université de Montréal », Les Classiques des sciences sociales. En ligne.
http://classiques.uqac.ca/contemporains/bertrand_marie_andree/bertrand_marie_andree.html.

Autres publications de Marie-Andrée Bertrand

Thèse :

Bertrand, Marie-Andrée (1967), Self image and social representations of female offenders : a comparative study of female criminality in seven countries, Thèse doctorale, Berkeley, University of California.

Articles :

Bertrand, Marie-Andrée (1999), « Incarceration as a Gendering Strategy », Canadian Journal of Law and Society, vol. 14, no 1, pp. 45-60.

Bertrand, Marie-Andrée (1996), « Women in Prisons: A Comparative Study », Caribbean Journal of Criminology and Social Psychology, vol. 1, no 1, pp. 35-58.

Bertrand, Marie-Andrée (1990), « Perspectives féministes sur le droit pénal », Actes du Premier sommet mondial : Femmes et multidimensionnalité du pouvoir, pp. 138-140.

Bertrand, Marie-Andrée (1989), « Dans les marges de l’actualité. Résurgence du mouvement anti-prohibitionniste », Criminologie, vol. 22, no 1, pp. 121-133.

Bertrand, Marie-Andrée (1986), « Perspectives traditionnelles et perspectives critiques en criminologie », Criminologie, vol. 19, no 1, pp. 97-111.

Bertrand, Marie-Andrée (1983), « Femmes et justice: problèmes de l’intervention », Criminologie, vol 16, no 2, pp. 77-88.

Chapitres de livres :

Bertrand, Marie-Andrée (2006), “Comparing women’s prisons: epistemological and methodological issues”, In D. Nelken (dir.), Contrasting Criminal Justice : getting from here to there, Aldershot, Ashgate Dartmouth, pp. 117-135.

Bertrand, Marie-Andrée (1999), « Le Droit de la drogue comme Instrument de Mondialisation », In J. Feest (dir.), Globalization and Legal Cultures, Onati Summer Course 1997, Onati, Espagne, International Institute for the Sociology of Law, pp. 113-137.

Bertrand, Marie-Andrée (1994), « Pornographie et censure », In F. Dumont, S. Langlois et Y. Martin (dir.), Traité des problèmes sociaux, Montréal, Institut québécois de recherche sur la culture, pp. 411-426.

Bertrand, Marie-Andrée et André Normandeau, (1984), « Les sciences humaines à l’assaut (ou au service ?) des appareils de justice pénale au Québec », In G.-H. Lévesque et al (éds.), Continuité et rupture. Les sciences sociales au Québec, Tome II, chapitre XXI, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, pp. 319-336.

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